Votre témoignage est intéressant et rassurant à la
fois. Il nous démontre en effet que tout épisode – même prolongé sur six
mois – de douleurs des articulations n’aboutit pas forcément à l’état
chronique caractéristique de la polyarthrite. J’emploie ce terme de polyarthrite
parce que votre médecin a évoqué cette éventualité en recherchant
dans votre sang la présence de facteur rhumatoïde.
Ceci nous permet de parler une nouvelle fois des
difficultés diagnostiques de ces poussées douloureuses centrées sur les
articulations. C’est l’occasion de préciser certains points, essentiels
pour la personne concernée :
- La vitesse de sédimentation (VS) n’est pas un test de
diagnostic de la polyarthrite. Cette VS s’élève dans tous les processus
comportant une inflammation, qu’elle soit localisée ou généralisée. Un abcès,
une grippe compliquée, une broncho-pneumonie, une maladie infectieuse
s’accompagnent tous d’une élévation de la VS.
-
La polyarthrite rhumatoïde est précédée de podromes, c’est-à-dire
de manifestations non spécifiques, mais dont la coexistence est évocatrice :
sensation générale de mal-être, fatigabilité anormale, nervosité,
irritabilité, diminution de l’appétit, perte de poids, transpirations exagérées,
température subfébrile, etc.
-
Les plaintes douloureuses se présentent selon différents modèles, mais
avec certaines caractéristiques qui seront évocatrices. Ce ne sont pas
« les mains » ou « les pieds » qui font mal, mais certaines
articulations bien définies des mains et des pieds : les médecins
connaissent la « géographie » particulière de ces atteintes
articulaires initiales. Ces douleurs sont fixes, c’est-à-dire qu’elles ne
vont pas sauter d’une articulation à l’autre, mais se fixer sur telle ou
telle articulation pour une durée prolongée. Ces douleurs sont les plus fortes
au réveil et s’accompagnent d’une sensation de raideurs et de diminution de
la force (par exemple d’une diminution de la force de préhension pour les
mains).
- Ces douleurs sont centrées sur le territoire de l’articulation,
qui est délimité par la capsule articulaire. C’est ce qui les différencie
des douleurs si fréquentes localisées sur les insertions musculaires et les
tendons.
- Le diagnostic se précise lorsqu’ apparaissent des
manifestations objectives au niveau des articulations concernées. Un examen
rhumatologique détaillé permet alors de retrouver les caractéristiques
objectives de la maladie. Finalement, ce n’est que sur la base de critères
officiels, établis au plan international, que le diagnostic de certitude pourra
être posé.
Votre histoire heureusement se termine bien, puisque
vous nous dites qu’après un mois de vacances consacrées à une thalassothérapie
les douleurs ont pratiquement disparus et que la VS s’est normalisée.
La thalassothérapie (traitement à base de
bains chauds d’eau de mer et d’algues) est en général mal toléré en cas
d’arthrites, car la chaleur a tendance à accentuer les phénomènes
inflammatoires au niveau de l’articulation.
Rétrospectivement,
il est difficile de mettre une étiquette sur cette longue poussée douloureuse.
Il faudrait savoir s’il y a eu des arthrites médicalement constatées
(il y a des arthrites transitoires par exemple lors de maladies virales) ou
s’il s’agissait au contraire de douleurs plus diffuses liées à une
irritation des insertions, des tendons ou des muscles, donc de phénomènes
péri-articulaires. |