Les rhumatologues
« classiques » nignorent pas quun certain nombre de patients
atteints de polyarthrite rhumatoïde font appel à des méthodes « non
conventionnelles » (ou méthodes « douces »,
« alternatives », « parallèles »,
« naturelles »). Une telle démarche sexplique par la sévérité de la
maladie et aussi par limpuissance relative de la médecine scientifique
« classique ». Elle peut aussi sinscrire dans une remise en question
de tous les pouvoirs, dans une quête de lirrationnel et surtout dans la
crainte des effets pervers des thérapeutiques chimiques.
Pour avoir une idée plus précise
sur cette question, nous avions demandé à un investigateur indépendant de
conduire une étude sur 103 polyarthrites de notre propre consultation, étude
respectant bien entendu lanonymat de chaque patient.
Il résultait de cette étude que
61 % de ces patients avaient une fois ou lautre fait appel à une ou plusieurs
méthodes « non conventionnelles » en alternance ou parallèlement à
des méthodes classiques de traitement. Les femmes ont plus facilement recours
aux « médecines douces » que les hommes (52,4 % contre 8,7 %). La
durée et la sévérité de la maladie augmentent le taux de recours à ces
méthodes. Une des surprises de cette étude était la suivante : un seul
patient avait eu recours à des plantes et un seul à la phytothérapie
(médicaments conçus à base de plantes). 33 patients avaient recours à
lhoméopathie.
Ceci étant dit, il faudrait
préciser que les médicaments à base de plantes ne sont pas dépourvus deffets
secondaires (« cest la dose qui fait le poison » disait déjà
Paracelse).
Les médicaments dorigine
purement végétales produisent aussi des interactions avec les médicaments
de synthèse (cest le cas par exemple du millepertuis et de léchinacée,
parfois conseillés dans cette situation). Le patient devrait donc
impérativement prévenir son médecin traitant sil prend à la fois des
médicaments à base de plante et des traitements classiques.
Enfin et surtout, nous devons
rappeler les mises en garde de Swissmedic : les médicaments dorigine
chinoise ou tibétaine apparus sur le marché et réputés à base de plantes
(et dautres choses) contiennent des dérivés danti-inflammatoires et de
cortisone.
Les résultats de la
phytothérapie seule sont bien difficiles à apprécier car ces traitements sont
souvent pris en alternance ou parallèlement à des traitements classiques.
Si le recours à cette méthode
pouvait être justifié à lépoque où on ne disposait pas de traitement de fond
valable (les sels dor nont été utilisés que depuis 1929, le Methotrexate
depuis 1951), nous estimons pour notre part quune maladie aussi sévère et
destructrice que la polyarthrite rhumatoïde justifie la mise en route de
traitements classiques dont lactivité a été scientifiquement démontrée.
Il ny a actuellement pas de preuve scientifique de
lefficacité des médicaments à base de plantes sur linflammation rhumatoïde et
sur la prévention des destructions articulaires. |