Il est certain qu’il peut
exister une corrélation entre les maladies inflammatoires de l’intestin et les
inflammations articulaires.
- La
rectocolite ulcéro-hémorragique (RCUH) se complique dans environ 10 % des
cas d’une mono-ou oligo-arthrite asymétrique des grosses articulations,
atteignant avec prédilection les genoux et les chevilles, parfois aussi les
coudes, les poignets et les articulations des doigts. L’inflammation
articulaire évolue souvent parallèlement à l’activité de l’affection digestive,
elle est discontinue mais peut récidiver. Environ 15 % des malades atteints de
RCUH ont des signes radiologiques d’une arthrite sacro-iliaque et 6 % une
spondylarthrite ankylosante. Ce « rhumatisme colitique » peut être
accompagné également d’un érythème noueux (nodules sous cutanés
inflammatoires et douloureux au niveau des jambes).
- La
maladie de Crohn ou entérite régionale peut s’accompagner de manifestations
articulaires identiques, et dans une proportion analogue.
- La
maladie de Whipple (jéjunite chronique avec malabsorption) est très souvent
précédée d’arthrites aiguës récidivantes, évoluant parfois vers un tableau de
polyarthrite chronique séronégative.
Ces affections intestinales
peuvent être différenciées par leurs manifestations, leurs localisations, mais surtout
par l’image endoscopique et la biopsie.
Sur le plan thérapeutique, il est
intéressant de souligner que la cortisone agit à la fois sur
l’inflammation intestinale et l’inflammation articulaire. L’Asacol®
(mésalazine), que vous prenez à forte dose est un traitement de la colite,
alors qu’un médicament très proche, la Salazopyrine ® (sulfasalazine) est
recommandé à la fois comme traitement de fond de la polyarthrite et comme
traitement de la colite. Enfin, et pour confirmer les relations étroites entre
les deux types de manifestations, nous signalons que les agents anti-TNF alpha
sont en passe de révolutionner aussi bien le traitement de la polyarthrite que
celui de la RCUH (et peut-être de la maladie de Crohn).
Dans votre cas particulier, il
serait donc de la plus haute importance de préciser le diagnostic étiologique
de la colite (RCUH ou Crohn) et le type d’atteinte articulaire (oligo-arthrite
asymétrique en général séronégative, ou polyarthrite rhumatoïde classique,
symétrique et souvent séropositive). Ces précisions permettraient de préciser
le pronostic et peut-être de recentrer le traitement si le plan thérapeutique
actuel n’a pas donné de résultats démontrables.
Pour répondre à votre question concernant le
Methotrexate, je dirai que ce médicament peut à forte dose (ce qui n’est pas
votre cas) provoquer une augmentation des enzymes hépatiques. C’est la raison
pour laquelle il est habituel de déconseiller l’adjonction d’une autre
substance hépatoxique comme l’alcool.
COMPLEMENT
Dans la réponse à la question 93,
javais précisé les caractéristiques des différentes affections pouvant se
manifester par une inflammation du colon. La précision du diagnostic passe
obligatoirement par une endoscopie (colonoscopie) avec biopsie de la muqueuse.
Dans votre nouveau message, vous
nous parlez de rectocolite. Ce diagnostic a-t-il été confirmé par lexamen
mentionné ci-dessus ? Quoi quil en soit, il nest pas inhabituel que
linflammation de la muqueuse (qui est responsable de vos douleurs) soit
rebelle. Peut-être faudrait-il revoir le traitement (médicaments par voie
buccale, que vous prenez déjà, et si nécessaire par voie locale).
Lorsquil existe une inflammation chronique du gros
intestin, on donne en général des indications diététiques : lessentiel
est de diminuer voire de supprimer les aliments susceptibles de laisser des
résidus fibreux qui irritent cette muqueuse fragile. Il vous faut expliquer
à votre médecin traitant vos habitudes alimentaires et les modifier en conséquence,
avec ses conseils. |