Je
nai pas pu retrouver la trace de votre première demande. Sagit-il dune
demande déjà ancienne ?
Après
nous avoir renseigné sur lévolution de votre maladie, vous nous dites que vous
voyez apparaître des nodules rhumatoïdes
au niveau du poignet. Les nodules rhumatoïdes sont sous-cutanés, de consistance ferme ; ils roulent
sous le doigt et sont indolores. Ils se situent en dehors de larticulation,
dans des endroits sollicités par des frottements, le plus souvent en regard de
lolécrane, cest-à-dire à la face dextension du coude. Plus rarement,
lorsquils sont nombreux, on peut en retrouver sur les doigts. Nous serions
étonnés den trouver isolément au niveau du poignet. Par contre, nous retrouvons
souvent au poignet, surtout à la face dorsale, des formations sous-cutanées de consistance élastique. Lorsque ces
formations ne bougent pas lors des mouvements dextension-flexion des doigts,
elles correspondent à une synovite,
soit une hypertrophie du tissu synovial des articulations du poignet. Le plus
souvent, ces formations font un mouvement de va et vient lors de
lextension-flexion des doigts, ce qui prouve quil sagit alors dune téno-synovite, plus précisément dune
hypertrophie de la synoviale tendineuse des tendons extenseurs des doigts. Plus
rarement, le même phénomène peut toucher les tendons fléchisseurs.
Venons-en
aux érosions osseuses. Il sagit
dune altération de la structure des petits os du carpe ainsi que des
phalanges, qui se voient envahir par le tissu rhumatoïde pathologique. Pendant
longtemps, nous ne disposions que de la radiographie standard pour mettre en
évidence ces érosions. Actuellement, on dispose en outre de lultrasonographie
et de lIRM, qui permettent de mettre en évidence ces modifications à un stade
plus précoce, alors quelles sont encore invisibles sur les clichés
radiologiques classiques. Ces techniques permettent de parler de polyarthrites non-érosives et de polyarthrites érosives, sachant que les
secondes ont un pronostic moins bon que les premières. Sur le plan
pathogénique, on ne peut pas dire que les nodules rhumatoïdes vont fabriquer
les érosions. Il sagit de deux processus différents, mais que lon rencontre
souvent ensemble dans les cas relativement sévères de polyarthrite.
Ce qui précède nous permet de répondre à votre seconde
question. Oui, une polyarthrite non-érosive (donc sur les radiographies
de laquelle on navait pas vu dérosions) peut
évoluer de façon défavorable vers
une polyarthrite érosive. De plus, les nouvelles techniques permettront de
trouver plus souvent et plus précocement ces érosions osseuses. La mise en
évidence précoce de ces érosions pourra influencer le choix du programme
thérapeutique, dans le sens dun recours plus rapide aux traitements de fond
les plus efficaces.
Complément
Vous
trouverez quelques renseignements supplémentaires sur les ténosynovites des
doigts en consultant la réponse 352.
Suite
à votre nouvelle demande, je vais compléter en vous donnant les complications
possibles de ces ténosynovites :
- Les ténosynovites des fléchisseurs
des doigts (face palmaire de la main) peuvent, dans le passage du canal
palmaire, comprimer le nerf médian : il en résulte des paresthésies dans
le domaine de ce nerf (trois premiers doigts et moitié du quatrième). Ces
fourmillements peuvent être très gênants et justifier une libération du nerf au
niveau du canal.
- Les ténosynovites des extenseurs des
doigts (face dorsale) nentraînent pas de complication neurologique de ce type.
Il ny a pas de rupture « spontanée ». Toutefois, sil existe des érosions
au niveau de larticulation radio-cubitale inférieure, les tendons extenseurs
du cinquième, puis du quatrième doigt peuvent être lésés par le frottement sur
los érodé, jusquà la rupture. On peut reconnaître ce risque lorsquil existe
une saillie dorsale de la tête du cubitus et une subluxation palmaire de la
main par rapport au plan de lavant-bras.
Nous
précisons encore que ce nest pas le tendon qui gonfle, cest lenveloppe
tendineuse, cest-à-dire la synoviale tendineuse qui est envahie par le tissu
rhumatoïde.
Mais au fait, vous ne nous dites pas si ces formations
sont fermes ou au contraire molles-élastiques !
Complément 2
Vous
nous demandez maintenant comment on fait la différence entre une PR, une
spondylarthrite et un rhumatisme psoriasique. Y aurait-il des éléments nouveaux
qui vous laissent dans le doute ?
Le
diagnostic différentiel avec la spondylarthrite ( ou pelvi-spondylite ) et la PR est évoqué dans les réponses
122, 125, 216, 225, 229.
Les
aspects particuliers de la polyarthrite psoriasique et ses différences par
rapport à la PR
sont traités dans les réponses aux questions 109, 119, 142, 180, 242, 263, 265, 282, 293, 346, 404.
En résumé, une spondylarthrite ne mérite dêtre
évoquée que si les manifestations douloureuses prédominent au niveau de la
colonne et du bassin. La polyarthrite psoriasique est évoquée sil existe des
antécédents de psoriasis, si la sérologie rhumatoïde est négative, ou encore en
cas datteinte asymétrique et distale des articulations des doigts. Les
ténosynovites que vous nous avez décrites sont particulièrement caractéristiques
de la PR.
Complément 3
Nous
comprenons vos doutes, mais nous estimons quils ne sont pas justifiés. Il y a
une complète adéquation entre les manifestations cliniques que vous avez
décrites et les résultats biologiques. Vous navez pas dérosions. Heureusement
dirais-je, car cela signifie seulement que vous avez une forme de PR moins
sévère que les formes érosives. Toutes les PR ne sont pas appelées à présenter
un jour des érosions radiologiques. Les symptômes douloureux sont souvent
sujets à de grandes variations dans leur intensité et leur localisation.
Cest dans le rhumatologue qui vous examine, prescrit
votre traitement et vous suit quil faut placer votre confiance, et non pas
dans un correspondant lointain |