Est-ce
que je peux guérir un jour ?
Jen
peux plus de prendre ces médicaments.
Ces
mots traduisent parfaitement la lassitude
et la déception que la polyarthrite
entraîne chez bon nombre de ces malades. (voir
réponses 30 , 80 , 381). A distance, il nous sera bien difficile de vous
apporter le soulagement et lespoir. Nous allons cependant essayer de vous
expliquer ce problème et de vous rassurer.
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire chronique,
affectant essentiellement les articulations et dorigine auto-immune. Elle doit donc être nettement différentiée des arthrites dorigine infectieuse, dont il
existe un certain nombre de cas en Afrique. Pour une maladie infectieuse, on a
la possibilité de détruire le germe responsable, ce qui conduit à la guérison
définitive-. En revanche, lorsquil existe une perturbation du système
immunitaire, les promesses de guérison totale et définitive sont bien plus
risquées.
Dans
le cadre même de cette polyarthrite rhumatoïde, il nexiste pas une forme évolutive standard. On peut dire quil ny a pas une PR, mais des PR
dévolutions très diverses, selon quelles sont séro-négatives ou
séro-positives, érosives ou non-érosives. Des critères précis permettent de
distinguer les formes débutantes, les formes à progression modérée, ou à
progression sévère, selon des scores
dactivité (voir réponse 425).
On peut aussi parler de lagressivité
de telle ou telle forme de PR, agressivité qui a une incidence évidente sur le
pronostic.
Maintenant
que votre polyarthrite rhumatoïde est définie
par les critères internationaux de lARA, et que son agressivité est précisée par les critères dactivité, il sagit de
discuter dun programme thérapeutique.
Le but idéal est dobtenir une rémission
complète, définitive, sans aucun signe dactivité de la maladie. Je ne vous
cacherai pas que ce but idéal est rarement atteint. Il faut le plus souvent se
contenter de rémissions partielles, ou temporaires. Pour atteindre cette
rémisssion, seuls les traitements médicamenteux sont à disposition (les traitements
physiques, la physiothérapie et même les techniques chirurgicales ne
peuvent que maintenir ou améliorer la fonction articulaire)
Parmi
ces médicaments, les uns agissent uniquement sur la douleur et linflammation
(analgésiquess,
anti-inflammatoires non-stéroïdiens, dérivés de la cortisone). Les autres ont
pour ambition de modifier le cours de la
maladie elle-même : ont les appelle pour cela les DMARDs. Dans cette
catégorie, on retrouve des médications anciennes, aujourdhui délaissées (sels
dor, D-pénicillamine, chloroquine) et dautres plus récentes et largement
prescrites (Méthotrexate, Azathioprine et surtout Sulfasalazine). Plus récemment
le Leflunomide (Arava) est venu enrichir ce groupe. De plus, la combinaison de
deux ou plusieurs médicaments permet daméliorer les résultats thérapeutiques.
Selon les enquêtes, on peut admettre que 30 à 70% des patients obtiennent ainsi
une réponse favorable (partielle) selon les critères dactivité.
Et
les autres ? Depuis 1999, une nouvelle classe de médicaments, les agents biologiques
(anti-TNF
alpha par exemple) apportent des résultats spectaculaires pour les cas où les
traitements précédemment cités ont échoué. Toutefois, ces nouveaux traitements,
très onéreux, ont aussi des effets secondaires sévères. Leur emploi est réservé
à des rhumatologues spécialement formés à cette thérapeutique.
Dans
votre cas particulier, nous allons nous heurter à une difficulté
supplémentaire, car, daprès les renseignements que jai trouvés sur le site
internet de Safi, lhôpital provincial Moohammed
V, qui dispose de pratiquement toutes les spécialités médicales, na
précisément pas de division de rhumatologie. Or les traitement biologiques
devraient être initiés en milieu hospitalier spécialisé.
Après
avoir pris connaissance de ces renseignements, je vous propose den discuter
avec votre rhumatologue. Une réévaluation du traitement par les DMARDs pourrait
probablement suffire à améliorer votre polyarthrite.
Donnez-nous de vos nouvelles. Nous restons volontiers
à votre disposition. |