Si
nous avons bien compté, votre maladie a donc commencé à lâge de 13 ans,
vraisemblablement sous la forme
polyarthritique de larthrite chronique juvénile. Nous ne connaissons pas
lévolution intermédiaire, mais nous en déduisons que lévolution inflammatoire
a continué, spécialement au niveau de cette main droite où vous avez subi en
septembre 2006 une arthrodèse du poignet
droit, combinée à une ténosynovectomie
des extenseurs.
Il
faut savoir que, sur le plan anatomique, les tendons extenseurs des doigts sont
dans une situation à risque, car ils sont appelés à glisser à chaque mouvement
des doigts, dans un espace restreint, entre la peau et le plan osseux profond.
La nature a pourvu ces tendons extenseurs dune protection sous la forme dune
gaîne devant leur permettre de glisser plus aisément et sans risque.
Malheureusement, dans la polyarthrite, ils vont être exposés à deux dangers.
Dune part, la synoviale tendineuse est elle-même atteinte par le même
processus inflammatoire qui touche les articulations voisines : la
ténosynovite a tendance à fragiliser les tendons eux-mêmes. Dautre part,
latteinte érosive de larticulation radio-cubitale inférieure va permettre la
subluxation dorsale de la tête cubitale, elle-même érodée, tranchante. Doù un risque relativement fréquent dans ces
situations, cest la rupture des tendons les plus proches de cette lésion, à
savoir les tendons extenseurs IV et V, ou tendons extenseurs de lannulaire et
de lauriculaire (Voir réponses 41, 69, 101 et 135). Dans ce cas, si
lon ne peut pas rétablir la continuité des tendons, on se contente de
raccrocher la portion distale des tendons rupturés sur les tendons restants II
et III, habituellement plus solides.
Lorsquon procède à une arthrodèse du poignet, avec
résection de la tête cubitale, comme dans votre cas, on agit précisément pour
prévenir ce risque. Malheureusement, la ténosynovectomie, rendue
vraisemblablement nécessaire par
limportance de la prolifération inflammatoire, fragilise les tendons, qui
nont plus de gaîne synoviale pour les protéger. Cest peu de temps après
lablation de lorthèse que les tendons III et IV se sont rupturés. La solution
chirurgicale nous paraît alors plus délicate, car on ne peut pas envisager,
nous semble-t-il de raccrocher les deux tendons rupturés sur le seul tendon de
lindex. Mais nous ne sommes pas chirurgien, nous ne connaissons pas la
solution. De toute façon, le choix de la technique doit dépendre de
lappréciation, dans le champ opératoire, de la qualité des différents tendons.
Le terme de greffe croisée ou greffe de tendons croisés doit faire référence à
ce type de technique. Nous ne sommes pas au courant déventuelles nouvelles
techniques méritant la dénomination de « greffe ». De toute façon,
une telle situation mérite dêtre
appréciée par une spécialiste de chirurgie de la main, connaisseur de la
pathologie de la polyarthrite. |