Votre question est intéressante,
mais il est difficile d’y répondre sans avoir plus de détails sur votre
maladie.
La polyarthrite rhumatoïde
(précédemment appelée polyarthrite chronique évolutive) est une maladie fréquente
(1 % environ de la population adulte), mais dont les manifestations peuvent être
très diverses. Du fait que ce diagnostic implique une évolution prolongée, un
pronostic souvent sévère au plan articulaire et un traitement lourd, je
comprends votre exigence d’un diagnostic de certitude.
Cette maladie commençant le
plus souvent de façon insidieuse, il est difficile d’atteindre cette
certitude diagnostique avant quelques mois, parfois même avant un ou deux ans
d’évolution dans les cas difficiles. A l’âge de 60 ans et avec une évolution
de 3 ans (d’après les renseignements que vous nous donnez), il devrait
cependant être possible de poser ce diagnostic de certitude.
Ce diagnostic implique tout
d’abord la constatation objective d’arthrites prolongées, touchant
au moins trois articulations ou régions articulaires (avec enflure, légère
chaleur, légère rougeur et démonstration d’un liquide articulaire de type
inflammatoire à la ponction).
La présomption est
renforcée s’il existe une raideur douloureuse à prédominance
matinale, une localisation aux petites articulations des mains ou des
pieds, une tendance à la symétrie, une anémie et une
augmentation de la vitesse de sédimentation.
La certitude est
atteinte lorsqu’en plus on peut mettre en évidence des déformations
articulaires typiques, des nodules rhumatoïdes (petites « boules »
localisées à la face d’extension des coudes, plus précisément au niveau de
l’olécrane), des images radiologiques caractéristiques (déminéralisation
de voisinage, pincements articulaires et érosions osseuses) et des facteurs
rhumatoïdes dans le sang. Ces derniers critères sont cependant
d’apparition tardive.
Vous demandez très
justement s’il existe d’autres maladies qui donnent les mêmes symptômes.
C’est ce que nous appelons le diagnostic différentiel.
Pour arriver à ce
diagnostic, les médecins disposent d’une part de critères de diagnostic
positif (établis en 1987 par l’American College of Rheumatology) et d’autre
part de critères d’exclusion. Ces maladies à exclure se comptent par
dizaines : certaines ne concernent pas votre tranche d’âge et d’autres
sont très rares. Dans votre cas particulier, il importerait avant tout
d’exclure :
-
La goutte, caractérisée par une ou plusieurs arthrites
intermittentes, très inflammatoires, visant plutôt les grosses articulations.
-
La chondrocalcinose, qui se présente soit sous forme d’une
arthrite aiguë, soit sous forme d’arthrites plus rapides et éventuellement
destructrices (épaules, genoux). Ces deux affections sont en relation avec des
cristaux d’urates, respectivement de pyrophosphate, si bien qu’elles peuvent
être confirmées ou infirmées par l’examen du liquide articulaire.
-
La polymyalgia rheumatica (ou pseudo-polyarthrite rhizomélique),
qui intéresse la région cervicale, les épaules et les hanches, avec une
impotence douloureuse souvent très importante. Cette affection est caractérisée
par une vitesse de sédimentation très élevée.
En
conclusion, la certitude du diagnostic, que vous demandez, pourra s’établir
sur le type et la répartition des articulations atteintes, sur l’évolution
prolongée et surtout sur les éléments objectifs fournis par les
radiographies, l’examen du sang (anémie, vitesse de sédimentation, facteurs
rhumatoïdes) et l’examen du liquide synovial (numération des globules blanc,
recherche des cristaux pour exclusion). |