La polyarthrite rhumatoïde est à
l’ordre du jour en France. J’en veux pour preuve le fait que le 21 avril
2001 s’est tenue au Sénat une journée d’information sur la PR, organisée
par l’Association française des polyarthritiques., en même temps que toute
une série de manifestations sur l’ensemble du territoire (voir Le Monde du
29.4.01).
Cette information très médiatisée
avait comme premier objectif de renseigner les malades sur l’arrivée de
nouveaux médicaments très efficaces. Mais à l’inverse, elle peut inquiéter
des patients souffrant de douleurs de l’appareil locomoteur, chez lesquels le
diagnostic de polyarthrite n’est pas, ou pas encore posé. Cette inquiétude
est d’autant plus compréhensible que cette maladie est fréquente (de
l’ordre de 1% dans votre pays) et que cette fréquence est un peu plus élevée
dans les familles qui comptent un ou deux cas de cette affection.
Le diagnostic est difficile,
car il faut dire d’emblée qu’il n’existe pas de test pathognomonique :
le facteur rhumatoïde ne peut pas servir de preuve car un certain nombre de
personnes (variable avec l’âge) ont un test positif sans jamais révéler
cette maladie.
Ce pourcentage du facteur rhumatoïde
positif (il faudrait encore savoir à quel taux de positivité) est connu pour
être plus élevé dans les familles comportant un cas de PR¨ !
Les symptômes de début de la
maladie ne sont pas suffisamment caractéristiques pour permettre un diagnostic
de certitude (voir réponse à la question 23 sur le même site).
Dans votre cas, les symptômes que
vous annoncez remontent à 15 ans, soit à l’âge de 29 ans. Il serait tout à
fait exceptionnel qu’une polyarthrite rhumatoïde ait pu évoluer sur une si
longue période sans arriver à des preuves définitives (constatation
objective d’un épaississement de la membrane synoviale, épanchement
articulaire se révélant à la ponction être d’origine inflammatoire,
raideur matinale de plus d’une heure, érosions osseuses à la radiographie,
etc, etc.). L’élévation prolongée de la vitesse de sédimentation et de
la C-Réactive Protéine est également un argument pour la PR.
Les douleurs, que vous localisez
vous-même aux articulations et aux muscles, que vous qualifiez de diverses
et variées, les sensations d’endormissement des bras et des mains, les
insomnies, la fatigue chronique et, comme je le disais plus haut, la longue durée
d’évolution m’orientent bien plus vers le diagnostic de fibromyalgie
que vers celui de PR.
Dans cette situation d’incertitude,
je comprends votre désir d’arriver à un diagnostic de certitude.
Je vous conseillerai, après en
avoir parlé à votre médecin traitant, de vous soumettre à une évaluation
rhumatologique spécialisée, si possible dans un service universitaire de
rhumatologie. Il ne faut en tout cas pas vous laisser tenté par les médicaments
nouveaux dont on a parlé le 21 avril alors que le diagnostic de PR n’a pas été
définitivement posé.
Après
cette étape diagnostique, vous pourrez vous poser la question de l’invalidité
éventuelle : ce n’est pas tel ou tel diagnostic (PR ou fibromyalgie )
qui décide de l’invalidité, mais bien l’état objectif, médicalement évalué ! |