A
lâge de 34 ans, six semaines après un accouchement, vous commencez une
affection douloureuse et symétrique des
articulations périphériques. Vous parlez darthralgies
(ce qui signifie douleurs des articulations), mais vous ne décrivez pas de signes inflammatoires, soit de
tuméfactions articulaires (épanchement articulaire et/ou épaississement de la
synoviale articulaire) ni datteinte des tendons (ce qui est particulièrement
fréquent au niveau des tendons fléchisseurs ou extenseurs des doigts). Vous ne
signalez pas de rythme particulier
pour ces douleurs (rythme nocturne-matinal avec dérouillage prolongé le matin
dans le cas de la polyarthrite rhumatoïde).
Le
tableau était certainement caractéristique pour votre médecin, puis quil a
orienté les examens sanguins vers ce diagnostic de polyarthrite rhumatoïde.
Mais, comme nous lavons souvent dit dans ces réponses, toutes les preuves ne
peuvent pas être présentes dans la phase initiale.
La
confirmation de ce diagnostic peut être apportée tout dabord par lexamen clinique spécialisé (recherche des signes inflammatoires et des
épaississement synoviaux sur les petites articulations périphériques). Parmi
les examen sanguins, lélévation (modérée)
de la vitesse de sédimentation parle pour une composante inflammatoire, mais
sans spécificité. Les anticorps anti-CCP
ont par contre un très haut degré de
spécificité (de lordre de 95%) pour la polyarthrite rhumatoïde. Cest le
plus souvent la technique ELISA qui est utilisée, les résultats sont donnés en
chiffres : 10 20 30 et jusquà 100. Mais le seuil de positivité
doit être déterminé par le laboratoire en question, car il dépend de la
technique utilisée, cela dépend aussi du fait que lon a recherché les anti-CCP
1 ou les anti-CCP 2. Pour le rhumatologue, il sagit de savoir si ces anticorps
ont été mis en évidence ou non.
Actuellement
(tout cela est encore nouveau), il est recommandé dassocier la recherche du
facteur rhumatoïde et des anti-CCP. Si les deux sont positifs, le diagnostic
est quasi certain (à noter que ces anti-CCP peuvent être positifs dans le
psoriasis cutané, avant toute participation articulaire objective).
A noter dautre part que limagerie moderne, notamment lIRM et lultrasonographie des mains, joue un
rôle très important dans la confirmation du diagnostic de PR, au stade initial.
Avant de déterminer un programme thérapeutique souvent assez lourd, il importe
en effet de sentourer de preuves suffisantes.
Complément
La
description que vous donnez de cette petite tache apparue dans le pli du coude
nest pas évocatrice dune lésion psoriasique. Dune part, les lésions cutanées
dorigine psoriasique ont plutôt tendance à se localiser à la face dextension
du coude (région de lolécrane). Dautre part, vous nous dites que cette lésion
a disparu, puis est revenue il y a quelques jours, ce qui ne «colle »pas
avec un tel diagnostic, de même que la localisation qui suit les plis du coude.
Les dermatologues ont des tests précis pour confirmer ou exclure ce diagnostic.
Vous
nous demandez comment différencier la polyarthrite rhumatoïde de la
polyarthrite psoriasique. Pour cela, nous nous permettons de vous renvoyer aux
réponses 109, 119, 142, 180, 346, 564, 565,
576, dans lesquelles ce sujet a été évoqué.
A
notre avis, il ny a pas de raison de demander à votre rhumatologue un
rendez-vous avancé à cause de cette lésion cutanée peu caractéristique.
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