La première
chose est de savoir si le diagnostic de polyarthrite rhumatoïde posé chez
votre père est un diagnostic de certitude (corrélation entre les données
de l’examen clinique, de la radiologie et du laboratoire) ou seulement un
diagnostic d’attente.
S’il
s’agit d’un diagnostic de certitude, je pense qu’il ne faut pas se
limiter à la seule administration de cortisone. En effet, la
cortisone n’est qu’un traitement suspensif de l’inflammation : elle
est certes efficace à dose suffisante, mais les symptômes de la maladie vont réapparaître
lorsqu’on diminue la dose, et bien entendu lorsqu’on arrête le médicament.
La règle est d’associer le traitement anti-inflammatoire (cortisone ou
anti-inflammatoires non stéroïdiens), d’effet rapide à un traitement dit de
fond, qui agira seulement après un certain délai, mais qui a l’ambition de
traiter la maladie elle-même et non pas seulement une de ses conséquences,
l’inflammation articulaire.
Parmi les
traitements de fond « classiques », c’est actuellement le
Methotrexate (Novatrex®
en France) qui donne les meilleurs résultats. Il faut savoir que, si ce médicament
ne donne pas de résultats satisfaisants en quelques mois, on a en réserve,
depuis quelques années, une gamme de produits nouveaux, mais qui ne
s’administrent qu’en seconde intention, pour les cas qui ont résisté au
Methotrexate (voir réponses aux questions 11, 29, 50 et 62 sur le même site).
Dans
l’ignorance de votre lieu de domicile, il ne nous est pas possible de vous
donner des adresses de spécialistes. Il nous paraît tout à fait judicieux que
vous consultiez un spécialiste en rhumatologie, d’une part pour confirmer le
diagnostic et d’autre part pour établir le plan thérapeutique.
Si
vous n’avez pas de spécialiste dans votre ville, je vous suggère de
consulter une fois le service de rhumatologie du CHU le plus proche : le spécialiste
hospitalier pourrait alors collaborer avec votre médecin-traitant.
Complément
La pseudo-polyarthrite
rhizomélique est tout à fait différente de la polyarthrite rhumatoïde,
aussi bien sur le plan des manifestations cliniques que sur celui du traitement
et du pronostic (pour plus de détails, voir la réponse à la question 44 sur
le même site).
Dans le cas de votre père,
il s’agit de savoir si cette maladie se manifeste chez lui uniquement au
niveau des muscles et des articulations (nuque, épaules et hanches) ou
s’il présente aussi des manifestations d’artérite temporale (maux
de tête violents, éventuellement tuméfaction douloureuse de l’artère
temporale et troubles visuels).
Dans la pseudo-polyarthrite
rhizomélique isolée, la cortisone est le meilleur traitement. Une dose modérée
d’environ 15 mg de prednisone (ou d’équivalent) par jour permet d’obtenir
une réponse rapide (dans les 48 heures le plus souvent). La dose peut ensuite
être réduite en se fiant d’une part aux douleurs ressenties par le patient
et d’autre part à la régression de la vitesse de sédimentation,
habituellement très élevée au départ. La régression de la dose doit être
très lente, ce qui permet d’atteindre une « dose de croisière »
entre 5 et 7,5 mg par jour.
Cette dose devra être maintenue
sans interruption pendant une année au moins (et parfois plus). Il faut préciser
qu’à cette dose on n’observe pas d’effets secondaires
désagréables, effets secondaires qui ont donné une mauvaise réputation à la
cortisone. D’ailleurs, les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont
inefficaces dans cette situation et il n’y a pas d’alternative.
Par contre, lorsqu’il y a
des signes d’artérite temporale, il faut recourir à des doses beaucoup plus
fortes (de l’ordre de 60 mg par jour), éventuellement en association dans
certains cas avec le Methotrexate (Novatrex®).
Si
le diagnostic de départ est correct, la pseudo-polyarthrite rhizomélique a un bon
pronostic. Pour plus de sécurité en ce qui concerne le diagnostic vous
pouvez consulter un spécialiste en rhumatologie. Vous en trouverez certainement
à Bayonne ou à Biarritz. |