Parmi tous les traitements de fond de la polyarthrite rhumatoïde, le Methotrexate
(MTX) est actuellement celui qui apparaît comme le plus efficace et le
mieux toléré. C’est ce qui explique qu’il soit souvent proposé comme
premier traitement de fond.
Il est bien évident que ce
traitement n’est indiqué qu’en cas de polyarthrite rhumatoïde confirmée
et pour autant que les médicaments anti-inflammatoires précédemment administrés
n’aient pas donné un résultat suffisant.
Le MTX est habituellement
administré par la bouche, en comprimés, à raison de 7,5 mg par semaine
(dose pouvant être portée ultérieurement à 15 mg par semaine en cas de réponse
insuffisante). Pour améliorer la tolérance digestive, la dose est
habituellement fractionnée en trois prises de 2,5 mg. L’absorption digestive
varie toutefois d’une personne à l’autre, si bien que, en cas de réponse
insuffisante à ce mode d’administration, on devra passer à l’administration
intra-musculaire, sous la forme d’une injection hebdomadaire de 7,5 mg. Ce
médicament, à visée immunosuppressive (c’est-à-dire ayant l’ambition de
freiner les réactions immunologiques excessives), a probablement aussi un effet
anti-inflammatoire. C’est ce qui explique que le bénéfice soit ressenti
dès la 4ème semaine, le maximum d’efficacité étant atteint au bout
de 6 mois.
Vous nous posez la question des risques
du MTX. Comme c’est le cas pour tous les traitements de fond de cette
maladie, il faut compter avec un certain pourcentage d’effets secondaires, dont
un petit nombre nécessite l’arrêt du traitement. Toutefois, ces effets
secondaires doivent être mis en balance avec le risque de la maladie
elle-même (progression des destructions articulaires).
Parmi les effets secondaires
du MTX, je signalerai par ordre de fréquence décroissante les troubles
digestifs (nausées, pertes d’appétit, diarrhées), les manifestations muqueuses
(stomatite = inflammation de la muqueuse buccale) et cutanées
(éruptions, perte occasionnelle et transitoire de cheveux), les manifestations hépatiques
(augmentation des enzymes hépatiques, rare à cette faible dose) ou rénales
(augmentation de la créatinine sanguine) et pulmonaires (rares
également). Enfin, il ne faut pas oublier que ce médicament immuno-suppresseur diminue
la résistance aux infections. Les inquiétudes suscitées par cette liste
doivent être tempérées. Les cas d’interruption pour effets secondaires sont
plus rares qu’avec les autres traitements. Si l’on additionne les arrêts pour
effets secondaires et les abandons pour inefficacité, les chiffres sont
éloquents : après 6 ans, 49% des patients continuent ce traitement de
Méthotrexate alors que, après 5 ans, 20 % environ des patients se maintiennent
sous sels d’or, sulfasalazine ou pénicillamine !
En conclusion, au vu des effets
secondaires mentionnés, le traitement de MTX est contre-indiqué dans les
situations suivantes:
- Atteinte hépatique en activité,
éthylisme
- insuffisance rénale
- diminution des leucocytes et
thrombocytes dans la formule sanguine
- maladie générale sévère
- (risque de grossesse, contraception
non satisfaisante)
Dans tous les cas, ce traitement
doit être administré sous surveillance médicale stricte, avec en particulier
des contrôles biologiques réguliers, à intervalles de deux puis quatre semaines
(formule sanguine, créatinine, transaminases).
Vous nous demandez enfin comment vous pourriez aider votre mère.
Je pense que vous pouvez déjà faire beaucoup si, par votre attitude et vos
encouragements, vous l’aidez à placer sa confiance dans son médecin
traitant. Le traitement sera très long. Le succès dépend d’une réelle relation
de partenariat entre le patient et son médecin. |