1.- CONSIDERATIONS GENERALES.
Les
temps changent, les maladies aussi. Aujourdhui, les maladies qui touchent
notre population (si lon excepte le SIDA et la transmission dhomme à homme de
la grippe aviaire) nont plus grand chose à voir avec les grands fléaux qui
frappaient nos ancêtres : peste, choléra, lèpre, syphilis, tuberculose
Actuellement,
cest un individu qui est malade. Sa
maladie nest pas une menace pour son entourage, ses voisins ne sont pas
concernés, elle le concerne seul. La solitude du malade en est renforcée. Mais,
en même temps quelle sindividualisait,
la maladie se socialisait : le
malade devait être protégé, « assuré », mais était-il rassuré ? Parallèlement, la
maladie trouve sa réponse dans les progrès évidents de la médecine, elle se médicalisait. Mais est-ce à dire que le
patient trouvera ainsi auprès de son médecin toutes les réponses aux questions quil
se pose ?
Les
malades ont commencé au vingtième siècle à exprimer leurs droits. Certains ont revendiqué leur identité de malade, le droit
dêtre informé, le droit de
participer aux décisions qui les concernent. Dautres craignent la
stigmatisation et la compassion. Ils
préfèrent cacher leurs maux. Mais la
solution ne passe ni par la négation de
la maladie, ni par la marginalisation
et lenfermement. Sur ce plan, la polyarthrite est un cas à part puisque,
souvent, elle se voit. Alors, les
slogans devraient être plutôt : faire
face, partager linformation et la responsabilité, vivre avec, le mieux
possible.
2.- SUR LE BESOIN DETRE INFORME
Depuis
plusieurs décades, les patients ont exprimé leur désir de participation aux décisions qui les concernent. Ce nest pas mettre
en doute les compétences du médecin que de demander à connaître non seulement
son diagnostic, mais aussi les causes, lévolution, les risques de leur
maladie. Pour pouvoir participer au choix du programme thérapeutique, il est
aussi nécessaire quil connaisse dans leurs grandes lignes les effets
secondaires possibles, et aussi les alternatives au programme proposé. Ceci est
indispensable pour que le patient ne soit pas tenté de chercher ailleurs le
miracle !
Dans
le colloque singulier malade
médecin au cabinet de consultation, des enquêtes ont montré que seulement 30 à
50 % de la quantité dinformation est retenue par le malade. Ce fait ne
sexplique pas par la mauvaise qualité de linformation, mais cest dû au fait
que ce patient, qui vient chercher en ce lieu la guérison, ou tout au moins le
soulagement, nest pas forcément dans les meilleures conditions psychologiques
pour recevoir une information rapide, objective, souvent trop difficile à
comprendre et à assimiler.
Les
Ligues contre le Rhumatisme ont mis sur pied, pour les cas nouvellement
diagnostiqués, une information et une éducation en groupe. Les résultats dune
telle démarche dépendent évidemment en premier lieu des qualités personnelles
du rhumatologue spécialisé qui offre sa disponibilité.
3.-
SUR LES MOYENS DINFORMATION
Ce
dernier siècle a vu une transformation complète des moyens dinformation. Les
journaux et revues grand public ont certes une grande diffusion, mais ils ne
peuvent donner sur un tel sujet quune information globale, impersonnelle, où
le patient cherchera en vain une réponse à sa question. Il en est de même de la
radiodiffusion. La télévision offre, en plus dune large diffusion, la
possibilité de présenter de rares émissions de vulgarisation sur les sujets
médicaux. Mais les patients ne sont pas dans les meilleures conditions pour y
présenter leurs problèmes (et les médecins interrogés ne sont pas non plus dans
les meilleures conditions pour y répondre). Les associations de patients, dans
les journaux et brochures quils diffusent, nont quune place très réduite
pour des questions individuelles.
Internet offre depuis peu une plateforme dont on peut dire
quelle est sans limites de distance ou de longueur de question. Cest
certainement pour le patient le moyen le plus rapide pour obtenir une réponse.
Mais cela implique certaines conditions :
- Il ne doit pas y avoir de consultation médicale sur
Internet, pour la simple raison que
le médecin-répondeur ne voit pas et nexamine pas le patient.
- Le patient-questionnant doit accepter de divulguer un minimum de
renseignements sur sa maladie pour obtenir une réponse valable.
- Il nappartient pas au répondeur de poser un
diagnostic. Ceci est de la
responsabilité du médecin-traitant. Dans de rares cas, le répondeur peut dire
que le tableau clinique décrit ne correspond pas exactement à la forme
habituelle de la maladie diagnostiquée, et suggérer des possibilités de
diagnostic différentiel.
- Le répondeur ne
peut que répondre à une question précise
concernant par exemple la pathogénie (les causes), telle technique
diagnostique, telle technique thérapeutique ou tel effet secondaire du
médicament.
- Si linformation est correctement donnée, elle ne
doit en aucun cas entrer en conflit avec la pratique du médecin traitant.
- Le médecin traitant ne doit pas soffusquer si, sur
Internet, un spécialiste compétent donne des explications scientifiques en
réponse à une question de son patient.
Il est évident que le médecin qui rédige ces réponses doit se mettre à labri
de tout soupçon de publicité. Le mieux, cest quil soit depuis longtemps
retraité, mais quil continue cependant à se tenir au courant des dernières
acquisitions dans ce domaine spécialisé.
4.- SITE DU GROUPE VAUDOIS DES PERSONNES ATTEINTES DE
POLYARTHRITE
En cinq ans, nous avons reçu (et répondu à) 393 questions, qui ont été réparties
ainsi :
Modes de
début
|
1,6
%
|
Diagnostic
|
28,3
%
|
Evolution
|
3,5
%
|
Traitements
médicamenteux
|
29
%
|
Traitements
opératoires
|
4,5
%
|
Autres
traitements
|
4,3
%
|
Arthrite
chronique juvénile
|
4,3
%
|
Grossesse,
stérilité, hérédité
|
8,5
%
|
Divers
|
16
%
|
Dans certains cas, lors de questions multiples, seule
la plus importante a été retenue pour ce classement.
Parfois, les questions étaient trop courtes : il
est bien difficile de construire une réponse lorsquon ne connaît ni le sexe,
ni lâge du patient, ni le type de manifestations cliniques, ni les
articulations touchées. Rarement, les questions étaient trop longues, au point
de révéler des discordances, des contradictions. Dans limmense majorité des
cas, les questions étaient précises, détaillées, intéressantes, voire
émouvantes. Une seule question nous a irrité : elle ne provenait
vraisemblablement pas dun malade.
Il nous a paru intéressant de contrôler lutilisation
du site. Depuis louverture du site, le nombre de visites a subi une
progression. Cette dernière année, le
nombre de visites se situe entre 250 et 300 par semaine.
Lorsque nous avons accepté de participer à ce travail
dinformation, nous avions pensé rendre service aux patients de chez nous, mais
nous ne connaissions pas toutes les surprises dInternet ! Voici les
données concernant la provenance des questions :
Sur un total de 393 questions, nous navons pas pu
déterminer la provenance dans 45 cas,
soit 11,4%. Pour le reste :
Pays
|
Nb. Questions
|
Pourcentage
|
Suisse
|
35
|
8,7 %
|
France
|
260
|
66,6 %
|
Canada
|
13
|
3 %
|
Belgique
|
8
|
|
Afrique*
|
21
|
5,5 %
|
Liban
|
3
|
|
Divers
|
6
|
|
*Algérie,
Tunisie, Maroc, Sénégal, Côte dIvoire, Burundi, Egypte
|
5.- QUAVONS-NOUS
APPRIS ?
Les
limites sont floues. Nous avons éliminé les questions totalement étrangères à
la polyarthrite. Par contre, nous avons choisi de répondre à des questions
situées aux confins de cette pathologie (par exemple diagnostic différentiel
avec la pelvispondylite ou avec la pseudo-polyarthrite rhizomélique ). Nous
pensons faire de même à lavenir.
Larthrite
chronique juvénile (forme infantile de la polyarthrite) et la maladie de Still
de ladulte (forme adulte de la maladie infantile) ont suscité dassez
nombreuses questions. Nous les avons incluses sur le site.
Dans
labondance des questions concernant la polyarthrite elle-même, nous retenons
les préoccupations essentielles :
Est-ce que jai, est-ce que je risque
davoir une polyarthrite ?
A
ce propos, on peut dire quil y a très rarement un diagnostic (de polyarthrite)
par excès (diagnostic basé uniquement sur un test de laboratoire, sans aucune manifestation
clinique ), un peu plus souvent un diagnostic retardé (lattente des preuves
retarde le diagnostic, donc le début du traitement adéquat ).
Quelle sera
lévolution ? Que vais-je devenir ?
Comment
traiter et quels seront les risques de ce traitement ?
Faut-il
opérer ? Quand ? Quelles seront les chances ?
Comment
salimenter ?
Est-ce que
je peux avoir un enfant ? Quels seront les risques pour lui ? etc
Dune façon générale, on peut dire que
les questions sont les mêmes, quelle que soit leur provenance, avec cette
différence toutefois que les disponibilités en rhumatologues spécialisés ne
sont pas les mêmes partout.
Dans ces questions , il y avait aussi pour nous des
surprises :
lutilisation encore assez large dans certaines
régions de méthodes de laboratoire que nous croyions anciennes ( test de
Waaler- Rose comme seul critère de diagnostic ),
utilisation encore large et prolongée de médicaments
de fond anciens ( administration isolée et prolongée danti-malariques ou de
sels dor, prescrits isolément ).
Nous avons été frappés par labsence pratiquement totale de
questions concernant la physiothérapie, les cures thermales, lergothérapie, en
particulier les orthèses et les moyens auxiliaires.
Groupe vaudois ASP, janvier 2006 |