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Besoin dévasion? Soif didéal? Bien sûr mais également
réalisation dun vieux rêve de gosse ! A lâge de huit ans jai quitté la vue plongeante sur la gare de
triage de Renens pour venir habiter à proximité du terrain daviation de la
Blécherette sur les hauts de Lausanne.
Toutes les
activités de laviation sportive y étaient réunies : aviation légère, vol
acrobatique, planeurs, et parfois parachutisme. Avec les folles acrobaties du
vieux Focker biplan piloté par le boulanger Thomas exécutées à lheure du
souper, il était impossible à mes parents de garder mon frère et moi sagement à
table…
Aujourdhui
je me suis construit un monoplan à ailes basses en aluminium aussi jaune que
celui de Thomas et jen suis très heureux, même si je ne pourrai jamais
prétendre faire les mêmes acrobaties que lui.
Il maura fallu deux ans
pour choisir le type de machine, le type de construction, deux ans et demi pour
la construction (2’200 heures sans compter les heures de réflexion), six mois
pour construire un hangar avec un copain, et le rêve est là, bien réel, tel que
je lavais imaginé depuis longtemps.
Bien
sûr que jaurais très bien pu, par facilité, acheter un ULM tout fait, neuf ou
doccasion. Mais je tenais absolument à
me rendre compte par moi-même de la résistance mécanique de lengin et cest
pourquoi jai tenu à en construire un afin, plus tard, bien respecter le
domaine dutilisation fixé par le concepteur
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Curieusement
il ma fallu attendre le troisième vol pour que je puisse toucher au bonheur du
vol par la maîtrise complète de cette machine dans toutes ses phases de vol, le
temps aussi de me libérer des tracas des dernières retouches et réglages
demandés par mon pilote dessai.
Pour en
revenir aux motivations, je peux encore préciser doù je les ai puisées.
Je suis
ingénieur mécanicien de formation et jai dû, pour des raisons conjoncturelles
totalement indépendantes de ma volonté, changer plusieurs fois demployeur
durant ma carrière : sept fois en tout ! Si jai toujours pu vivre de
mes activités professionnelles, celles-ci nont pas toujours satisfait mon
appétit, ma soif dimagination, de conception et conduite de projet.
Par contre
lavantage que jai pu tirer de toutes ces activités est quà un moment donné
je me suis senti prêt pour me lancer dans laventure de la construction dun
avion.
Chaque
changement professionnel a exigé beaucoup de moi pour me mettre à niveau. Ainsi
durant sept années consécutives jai dû très régulièrement travailler septante
heures par semaine !… Et ceci plusieurs fois pour rien, pas même un
début de 13ème salaire ! Alors un jour jai dit stop, ça suffit
bien ! Septante heures ok jai la capacité pour les faire, mais dorénavant
il y en aura vingt qui me reviendront. Je ne vais donc pas attendre
« sagement » la retraite pour me lancer dans laviation ; cest
maintenant, à cinquante ans que je dois my mettre, accumuler de lexpérience
pour pouvoir, à lâge de la retraite, en profiter pleinement.
Afin de ne
pas trop déstabiliser ma vie de famille, voire la mettre en péril, jai
commencé par vendre mon idée à ma femme et mes enfants, puis je me suis
organisé pour faire un maximum de travaux à proximité immédiate de mon
domicile, à savoir dans mon garage, vis-à-vis de chez moi. Ainsi, lorsque ma
famille avait besoin de moi, ou si javais besoin dun coup de main, nous
nétions pas trop éloignés les uns des autres.
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Le fait
également que jexerce mon activité professionnelle chez moi ma permis de
dégager une assez grande disponibilité pour réaliser mon projet. Par exemple,
entre midi et 13 heures 30 javais le temps de mettre les salopettes durant une
heure pour travailler dans mon garage : les temps de trajet jusquà mon
travail mappartiennent ! Auparavant jen faisais cadeau à mon patron…
Quant à ma
soif didéal, elle sinscrit dans la logique de ma soif de vivre et
dapprendre. Après avoir couru la montage, le lac et la mer à la voile, il
était logique pour moi de découvrir la 3ème dimension et daller me
mesurer aux forces impalpables du vent et autres forces de latmosphère, avec
le même plaisir que jai découvert la montagne et sur leau.
De par mon
régime draconien suivi scrupuleusement avec succès depuis quinze ans, je pense
avoir prouvé depuis longtemps ma soif de vivre en bonne santé. Aujourdhui je
suis très fier de labsence quasi totale de déformation articulaire et jai
tenu à tirer moi-même, à la main, les 10’000 rivets nécessaires à lassemblage
de mon avion. De fait jai plus souffert des ébavurages (au moins 40’000) et
des petits bobos du style perçage des doigts.
Ma bonne
santé actuelle ma conforté dans le choix de me lancer maintenant dans cette
entreprise lourde il faut le dire, plutôt quà lâge de la retraite.
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Cette
construction sinscrit également dans mon processus de guérison de la
polyarthrite.
A force de
parler de mon régime particulier, on risque bien doublier limportant travail
que jeffectue sur mon mental, lécoute de ses aspirations, sa soif de bonheur.
Ce projet intervient donc comme mesure thérapeutique au niveau mental. Pour moi
cest lapplication simple de la maxime « un esprit sain dans un corps
sain » et surtout de sa réciproque : pour prétendre avoir un corps
sain, lesprit doit lêtre aussi. Pour que mon esprit soit sain il est
important que je puisse entreprendre quelque chose pour moi et non pas toujours
pour un patron « presse-citron » qui vous jette après mavoir
sucé jusquà la moelle. Mon projet sinscrit également en contrepoint au
souffle de sinistrose distillé à longueur dannée faite par les médias.
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Je précise
encore quil est parfaitement clair pour moi que mon ULM nest pas un
aboutissement : ce nest quun moyen dexploration que je me suis forgé
afin de me permettre de me rendre compte par moi-même si le monde est vraiment
aussi moche que nous le rabâche les médias. Cet ULM va également mouvrir
dautres portes de connaissances à commencer par la rencontre de ceux qui
pratiquent ce sport, une motivation supplémentaire dapprendre langlais devenu
indispensable pour mon travail et pour sortir des frontières de lHexagone avec
mon ULM et mouvrir les portes du voyage au long cours. Ce sera aussi
lattention portée aux autres, et à leurs besoins particuliers. Si, un jour, je
peux satisfaire lune de ces demandes particulières ou porter assistance à
dautres pratiquants daviation, mon effort naura pas été vain.
Sachez
enfin que le bonheur existe ! Si si je vous jure : je lai souvent
rencontré seul à seul dans mon garage, entre deux galères. Maintenant que jai
changé dhistoire, que le pilote a remplacé le constructeur, je serai très
attentif à le rencontrer aussi souvent que possible en appliquant avec rigueur
tout ce que jai appris pour devenir un vieux pilote respectueux dEole et ses
caprices.
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Du même auteur :
« A 36 ans jai dis non à ça : la polyarthrite subie, apprivoisée,
source dépanouissement » disponible en contactant directement lauteur
Olivier Pellet à La
Conversion, tél. 021 791 38 34.
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