Vos examens sanguins sont
normaux. Cela veut-il dire que les tests biologiques de l’inflammation
(vitesse de sédimentation et C-Réactive Protéine) sont constamment dans les
limites normales ? ou bien que les tests de recherche du facteur rhumatoïde
sont négatifs ? Dans l’un et l’autre cas, je m’étonne que vous ayez
des difficultés à faire reconnaître votre maladie, car on ne peut pas exclure
le diagnostic de polyarthrite rhumatoïde sur l’un ou l’autre de ces
arguments.
En fait le diagnostic
de polyarthrite rhumatoïde (PR) s’appuie sur un faisceau d’informations :
-
renseignements sur les antécédents médicaux
-
symptomatologie subjective (caractère, localisation et horaire
des douleurs)
-
données de l’examen physique des articulations (observation de
tuméfactions, palpation d’une membrane synoviale épaissie, mise en
évidence
d’un épanchement articulaire, tendance à la symétrie des atteintes
articulaires, etc.)
-
examen radiologique des articulations les plus touchées
-
et enfin examens de laboratoire
La vitesse de sédimentation
(VS) et la C-réactive-protéine (CRP) sont habituellement élevées dans
les phases actives de la maladie, alors qu’elles peuvent se normaliser
dans les phases de rémission (spontanée ou sous l’effet du traitement).
Il n’y a pas de critère
biologique spécifique de la PR (comme il y a par exemple des tests spécifiques
pour le lupus érythémateux disséminé). Ce facteur rhumatoïde se positive
tardivement : il est le plus souvent négatif dans la première année de
la maladie. Au-delà, seules 75 à 80 % des PR sont dites séro-positives,
les autres restant négatives pour le facteur rhumatoïde, et cela de façon
durable. Bien plus, ce facteur rhumatoïde peut être présent chez des
personnes qui n’ont pas et qui n’auront pas cette maladie. Ce facteur
rhumatoïde se retrouve également dans des affections diverses, qui n’ont
rien à voir avec les articulations !
Pour toutes ces raisons, il
serait erroné de se fier uniquement à la présence de ce facteur
pour poser le diagnostic de PR.
D’ailleurs, dans la liste
de critères de diagnostic, établie en 1987 par l’American College of Rheumatology et
reconnue sur le plan international, il n’y a qu’un seul critère qui
se réfère à ce test biologique, tous les autres se rapportant à l’anamnèse,
à l’examen clinique et à l’examen radiologique.
A
l’opposé, je dirai qu’il n’est pas possible de poser le diagnostic de
PR sur la seule description de symptômes subjectifs, c’est-à-dire
de plaintes douloureuses au voisinage des articulations, sans démonstration
de modifications objectives de ces articulations. Ce n’est
vraisemblablement pas votre cas puisque vous nous dites que vos problèmes se
voient à l’oil nu ! |